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Reporting extra-financier : comment préparer votre SI à la CSRD ?
Point d’étape sur la directive européenne CSRD. Quelles entreprises y sont assujetties ? Quelles données doivent être collectées et quels outils mettre en place pour y parvenir ? Comment bien démarrer son projet, et le mener à bien avec succès ?
Les obligations de publication d’informations extra-financières vont se renforcer au travers d’une nouvelle directive européenne, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cette dernière s’inscrit dans la continuité de la NFRD (Non-Financial Reporting Directive) de 2014.
« Un des principaux objectifs de la CSRD est d’harmoniser le reporting extra-financier des entreprises, apportant ainsi de la "comparabilité", ce qui va amener progressivement les consommateurs, les talents et les investisseurs à se tourner vers les acteurs les plus vertueux », explique Paul Pelissier, SAP Sustainability Principal EMEA chez SAP. « Au-delà des sanctions qui s’appliqueront aux organisations ne se mettant pas en conformité se pose donc aussi la question de la performance des entreprises et de leur réputation. »
La CSRD ne va pas uniquement harmoniser le reporting extra-financier : elle va aussi en étendre progressivement le périmètre. Les organisations assujetties à la NFRD (principalement des entreprises cotées) y seront soumises dès 2025 (avec un rapport portant sur l’exercice 2024). Les ETI de plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et de plus de 250 salariés basculeront dans le dispositif l’année suivante.
Le reporting CSRD devra se conformer notamment :
- Aux normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards), visant à analyser les externalités environnementales ou sociales négatives pour l’organisation. Il faudra pour cela être capable d’interroger toutes les parties prenantes : collaborateurs, fournisseurs, clients, etc. Selon l’activité et la taille de l’organisation, jusqu’à 200 indicateurs et 1000 points de données devront être collectés et analysés.
- À l’EU taxonomy for sustainable activities, qui va harmoniser l’interprétation de la performance financière des entreprises au regard des objectifs environnementaux de l’Union européenne. Ce système de classification analyse l’ensemble des flux financiers, afin de déterminer le niveau de durabilité des entreprises.
Le tout s’accompagnera d’exigences d’auditabilité des données extra-financières. « Ce critère devrait se durcir en 2028 », précise Paul Pelissier, « L’idée est à terme d’atteindre un niveau d’auditabilité équivalent à celui du reporting financier. »
Le rôle clé de la DSI
« La DSI devra remonter un grand nombre de données hétérogènes vers un outil central capable de produire la donnée CSRD. Il va falloir monter des projets autour de ce sujet et s’outiller en conséquence, » explique Hervé Bomperin, SAP Project Director chez VISEO. L’enjeu est de taille : si les données financières sont naturellement disponibles au sein du SI, ce n’est pas le cas des données extra-financières, qu’il faudra collecter dans divers outils, voire auprès de filiales, de fournisseurs, etc. Il va falloir "fabriquer" les données CSRD à partir de sources hétérogènes, puis en assurer la traçabilité.
Les exigences d’auditabilité et la masse d’indicateurs à traiter ne permettent plus de travailler de façon artisanale, comme cela avait pu être le cas avec la NFRD. « Les directions RSE ne sont pas autant habituées aux outils de reporting que les directions financières », note Luc Chantepy, Vice-président ESG & IT Strategy chez Synvance (branche conseil du groupe VISEO). « Le rôle de la DSI sera donc double : amener de la donnée pour que la direction RSE puisse s’en saisir, mais aussi l’acculturer aux outils d’analyse et de reporting, ainsi qu’à la démarche data. La mise en conformité avec la CSRD est un travail de fond à mener en collaboration avec la DSI, la direction financière et la direction RSE. »
Les étapes clés d’un projet CSRD
La mise en œuvre de la CSRD est un projet de transformation majeur, très impactant pour les entreprises. « Il ne faut pas essayer d’avancer trop vite, car c’est un sujet qui nécessite du temps, mais aussi un certain niveau de maturité. Il convient d’opter pour une approche itérative et pragmatique : s’organiser, s’outiller et avancer progressivement, » explique Luc Chantepy.
« Avant de s’outiller, il convient de lancer une phase de cadrage, qui permettra de déterminer quelles solutions utiliser pour effectuer le reporting extra-financier de l’organisation », détaille Hervé Bomperin. « Avec un SI homogène et peu complexe, il sera possible de s’appuyer sur une relation point à point entre l’ERP et le système ESG (Environnement, Social et Gouvernance). Dans le cadre d’un SI plus complexe (multiples ERP, multiples sources de données…), il faudra probablement opter pour un data warehouse, voire un data lake, afin d’assurer un premier niveau d’agrégation des données, avant de les pousser vers l’outil ESG. »
Côté outillage ESG, deux solutions de la gamme SAP Cloud for Sustainable Enterprises se détachent :
- SAP Sustainability Control Tower (SAP SCT) qui permet de collecter et agréger les informations décrites par les normes ESRS, en vue de la création du rapport CSRD;
- SAP Sustainability Footprint Management (SAP SFM), qui complétera SAP SCT en proposant une mesure fine de l’empreinte carbone de l’entreprise et de ses produits.
Une plateforme durable et évolutive
Les outils du SAP Cloud for Sustainable Enterprises permettent de répondre aux défis de la CSRD avec des solutions robustes, mais aussi évolutives. « Elles répondent aux exigences de la CSRD, aujourd’hui mais par leur niveau de granularité permettront de faciliter la couverture à venir des enjeux d’autres mécanismes, comme le CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism) ou du DPP (Digital Product Passport) », précise Paul Pelissier.
« À terme, la CSRD poussera les entreprises à affiner toujours plus leurs calculs d’émissions carbone, en collaborant plus étroitement avec toutes les parties prenantes. Nous travaillons sur une plateforme standardisée qui permettra aux acteurs d’une même chaîne de valeur d’échanger des données carbone. Un outil clé pour accélérer le calcul du scope 3. »