Le logement en 2049: à quoi ressemblera l’habitat de demain by VISEO

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Le logement en 2049: à quoi ressemblera l’habitat de demain?

Le 25 septembre avait lieu au Pavillon de l’Arsenal une conférence sur l’habitat du futur. Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’un cycle de rencontres et de discussions organisé par le journal l’Obs, dont l’objectif est de s’interroger sur les enjeux auxquels nous devrons faire face concernant l’environnement en 2049, en tant qu’êtres humains, en tant que familles et en tant que société. Cet article est un résumé de cette conférence qui a permis d’explorer des scénarii futurs à travers des regards croisés d’experts, de chercheurs, et de sociologues. Par Séléna  Coquil, Consultante Innovation VISEO

Automatiser la construction architecturale

L’automatisation est une technique qui a bénéficié à un grand nombre d’industries (le retail, l’automobile, la pharmaceutique, etc.) en améliorant la productivité tout en diminuant le coût du travail. Mais d’autres secteurs comme la construction et l’architecture n’en ont pas encore profité, et sont contraints par des règles qui restent inchangées depuis 1947. C’est le premier constat formulé par Gilles Retsin, architecte Belge installé à Londres. En tant qu’« automated architect », il a fondé les bases de son travail sur l’automatisation de la construction architecturale, d’une part au niveau de la création de blocs facilement assemblables et d’autre part au niveau de la génération de structures insolites par ordinateur.

 

Gilles Retsin constate également que les prix d’achat des biens immobiliers vont continuer à grimper face à la densification des villes et à la spéculation qu’on observe aujourd’hui dans les grandes mégalopoles comme Paris, Londres, Berlin, New York ou Tokyo. D’autre part, les temps de construction des logements neufs dissuadent les acquéreurs qui préfèrent se rabattre sur l’ancien, plus énergivore, souvent plus cher, certainement moins écologique. En parallèle, Airbnb et Google commencent à construire leurs propres immeubles, de plus en plus intelligents (comme la Google City de Toronto, pensée par Sidewalk Labs, la filiale consacrée à l’innovation urbaine d’Alphabet) qui vont capter les données quotidiennes et triviales de leurs habitants. Il n’y aura plus de maisons, juste des services.

 

Face à ces constats pessimistes, Gilles has a plan : rendre la propriété et même la location accessibles à tous en prenant en compte les nouvelles modularités des structures des foyers (familles recomposées, divorces, célibat croissant). Il souhaite également accélérer les processus de construction des logements pour ne pas ségréguer les populations et laisser le champ libre aux GAFA. Passer d’un schéma de construction très analogue et séquencé à un modèle de construction par modules qui s’assembleraient aussi rapidement que des pixels. Pour ce faire, il intervient sur les langages de programmation comme sur les processus de production : il imagine une structure architecturale (logement, œuvre d’art, lieu culturel) qu’il découpe en blocs. Chaque bloc est imprimé en 3D et assemblé à ses autres blocs congénères et co-générés grâce à plein de petits robots. Les matériaux utilisés sont plus légers, faciles à assembler, moins onéreux, et la construction nécessite peu de main d’œuvre.

 

La construction assistée par ordinateur et l’automatisation permettent d’augmenter la versatilité des bâtiments, d’en baisser les coûts de production et donc de faciliter l’accès au logement. L’impression 3D offre à la matérialité digitale des perspectives de personnalisation et de modularité de l’habitat que nous n’avons pas aujourd’hui avec nos schémas de construction standardisés.
 

Le logement en 2049: à quoi ressemblera l’habitat de demain by VISEO

Blokhut, 2015, Gilles Retsin

 

Repenser les schémas de construction et d’aménagement de l’habitat avec l’évolution des modes de vie et des lieux de rencontres

C’est le sujet des recherches de Monique Elab, sociologue et spécialiste de l’habitat.

 

Elle nous rappelle qu’en 2050, 1 personne sur 3 aura plus de 60 ans et qu’aujourd’hui il y a 36% de célibataires en France dont 53% à Paris. En 2049, le télétravail deviendra presque une norme (ou en sera-t-il déjà une ?), le nombre de divorces ne fera qu’augmenter et grâce à la PMA, on verra de plus en plus de foyers à deux personnes.

 

On s’est entraîné à rêver que l’habitat allait évoluer et vieillir avec notre âge et que la famille modale qu’on croyait inébranlable ne se réduirait jamais à son plus simple appareil : les codes si profondément enracinés dans la structuration et l’aménagement des villes et des logements doivent dorénavant être transgressés (la taille normative d’une pièce a été conçue sur la base de la taille que devrait avoir une voiture).

 

Monique Eleb met en avant que l’habitat de demain doit être flexible, adaptable et réversible pour les différents âges et vies de la vie de la personne. Concernant le télétravail : il faut pouvoir avoir un bureau qui n’est pas dans le salon pour séparer les espaces de travail et de pause. Puis si vient la parentalité : pouvoir transformer un espace de détente en chambre. Quand les parents recouvrent leur dualité (lorsque l’enfant quitte le nid) : pouvoir retransformer l’espace quitté en espace d’activité. Puis quand vient le temps de la solitude (suite à un départ ou un décès): transformer une partie de l’espace anciennement occupé en espace louable pour optimiser le rendement du loyer.

 

Elle met en avant le fait que les espaces communs (terrasses, aires de jeux, centres commerciaux) doivent être au centre des lieux de vie pour éviter le « zoning » et la solitude des grandes villes. En définitive, il est urgent de remettre l’humain au centre des préoccupations des promoteurs, des villes et des politiques publiques pour optimiser l’aménagement territorial et ménager la mélancolie des solitudes urbaines.

Penser et créer les logements du futur

Benjamin Delaux, président de Habx, a souhaité avec sa start-up réinventer la conception et la commercialisation des nouveaux logements. Leur plateforme permet aux acheteurs de personnaliser leur appartement avant la construction de l’immeuble. Ils se chargent de prendre en compte les capacités de production des promoteurs immobiliers pour y greffer les besoins des futurs propriétaires (transports, lieux de travail, espaces verts, loisirs). Ils développent 3 algoritmes qui permettent de déterminer la meilleure localisation possible et de faire matcher ses attentes avec des programmes immobiliers disponibles, et également de permettre aux futurs acheteurs de concevoir eux-mêmes l’agencement de leur futur logement.

 

 Les logements en 2049 seront donc centrés sur l’humain mais seront également écologiques. C’est le pari de Timothée Boitouzet, président de Woodoo, dont l’objectif est de disrupter la création des matériaux de construction en les rendant plus isolants, plus solides et moins polluants.

 

La technologie Woodoo est issue de recherches en nano-technologie cellulosique. Elle permet de transformer le bois en matériaux à haute performance. Concrètement, il s’agit d’extraire la lignine et l’air du bois et d’y injecter un polymère bio-sourcé pour en décupler les performances et transformer le bois en bois armé. Cette technologie pourrait permettre à termes de se passer de béton et de construire des bâtiments moins énergivores et délétères pour l’environnement.

 

Le logement en 2049 by VISEO

L’habitat du futur sera pensé de manière concentrique : les habitants seront au centre des réflexions d’aménagement des urbanistes, des architectes, des municipalités et des politiques publiques. Les promoteurs devront composer avec les exigences des futurs occupants, les immeubles et maisons seront conçus par ordinateur, assemblés en blocs de bois armés par des robots, en hauteur pour limiter l’extension infinie des villes et pour préserver les campagnes. Les espaces communs comme les jardins et les terrasses se feront plus nombreux dans les immeubles pour installer compostes et potager, mais aussi pour que les seuls s’y rencontrent.